Gestion de la douleur chez le bovin

Lors d’une conférence FORMAVET, proposée par CEVA le 2 octobre 2019, le Confrère et Professeur Raphael GUATTEO, de Oniris Nantes, en deux heures denses et édifiantes, a rappelé aux 65 praticiens présents la physiologie de la douleur chez le bovin, la façon dont il l’exprime, comment la détecter « en absence de paroles », estimer son intensité et la soulager le plus efficacement possible.

Si l’animal dit de rente exprime peu sa douleur, elle n’en est pas moins ressentie et, si on y pense bien, que de fois y est-il exposé, sur sa courte vie. Depuis l’écornage, la castration ou encore la coupe de la queue jusqu’à l’abattage, en passant par la césarienne, les dystocies, les fractures, les boiteries, les mammites, les omphalites, les diarrhées, les pneumonies, … le bovin est exposé à un nombre interpellant de pics de prostaglandines et autres leucotriènes !

Réhabilité dans sa condition d’être vivant conscient et sensible, l’animal doit toujours bénéficier du doute quant à une souffrance éventuelle, insiste R. Guatteo.

Le praticien dispose d’une gamme d’antidouleurs efficaces et adaptés à chaque type de douleur, dont les AINS. Nombre d’études révèlent que leur usage préventif et prolongé, lors de chirurgie ou de toutes autres situations où il était encore inconcevable d’en prescrire il y a peu, compense largement le coût du traitement, en améliorant la production de l’animal libéré du stress généré par la douleur, aigue ou prolongée.

Dans l’approche de la douleur, il est désormais établi que toute lésion inflammatoire chronique envoie un signal répété et constant vers le cortex lequel, gavé de signaux nociceptifs, abaisse le seuil de sensibilité à la douleur qui d’hyperalgésie évolue vers l’allodynie. Comme chez l’être humain.

Hypothèses et études abondent sur l’amélioration de la productivité et de la santé bovines, grâce à la maîtrise de la douleur. Un exemple, le taux de diarrhées néonatales chuterait lorsque la vache bénéficie d’une analgésie pré, per ET post-césarienne, en laissant téter son veau bien plus sereinement dans les premières précieuses heures ‘colostrales’…

Rigueur scientifique des études mais aussi observation et bon sens, tant de l’éleveuse et de l’éleveur que du praticien, sont hautement complémentaires pour tendre vers l’amélioration des pratiques.

La gestion de la douleur des animaux de la ferme est désormais enseignée dans les écoles vétérinaires.

Pour les praticiens aguerris, les formations sur le Bien-Etre Animal (BEA), dans lequel s’inscrit pleinement la gestion de la douleur, se multiplient et leur donnent les outils scientifiques et pratiques pour une médecine vétérinaire éclairée… et soyons humbles, toujours améliorable !