FORMAVET a réuni ses partenaires associatifs – l’UPV, les cercles vétérinaires et différents groupes de travail ou sociétés scientifiques – à une soirée d’échanges, le jeudi 29 août au château de Courrière.

Les précédentes réunions avec nos partenaires privilégiés ont abordé les deux premiers critères de qualité du formateur – ses compétences scientifiques et professionnelles et ses capacités pédagogiques. Nous avons exploré cette fois le troisième critère, l’indépendance du formateur, en réfléchissant à l’engagement pris par cette simple signature de la déclaration d’indépendance demandée par le cahier des charges du CRFOMV. Cela mérite réflexion dans un siècle où les conflits d’intérêt sont de plus en plus dénoncés.

Le professeur Florence Caeymaex (ULiège) a présenté une conférence intitulée : « Le savoir du formateur peut-il être désintéressé ? ».

Qu’il s’agisse du terrain de la recherche scientifique, de l’action judiciaire, des pratiques médicales ou de l’action publique, la notion de « conflit d’intérêt » gagne du terrain. C’est aujourd’hui un instrument de régulation faisant l’objet de codifications, de procédures d’identification et de mise en application spécifiques. Il consacre un principe d’indépendance et d’impartialité présent de longue date dans le droit : on ne peut être juge et partie à la fois.

Si l’on voit bien pourquoi il s’applique à ceux qui sont chargés de juger et de décider, de quelle façon concerne-t-il ceux qui élaborent des connaissances et les transmettent — chercheurs, professeurs, enseignants, formateurs ? Poser cette question donne l’occasion, non seulement d’éclairer les raisons historiques et politiques de la préoccupation pour le conflit d’intérêt et d’en réfléchir l’usage, mais aussi de questionner le mythe du « savoir désintéressé ».

Florence Caeymaex a aussi parlé de l’importance de l’expertise (et donc du rôle du savoir, des connaissances scientifiques) dans le monde contemporain, des liens entre savoir et pouvoir en vue de faire passer une approche positive de l’intérêt dans la connaissance.

L’éthique personnelle des formateurs, des scientifiques, est à cultiver, mais elle n’est pas seule en cause. Il serait d’ailleurs trop facile et aussi téméraire au vu de la compétition pour les financements et les publications, de faire porter toute la responsabilité de la prévention du conflit d’intérêt sur le seul individu. Cela dépend éminemment des « conditions du milieu ».  Ainsi, les réglementations et procédures évoluent pour réguler ces conditions de dépendance économique, mais la communauté scientifique elle-même met en place des balises pour une co-régulation. Un exemple d’indépendance nous est présenté par la formatrice en la revue PRESCRIRE, qui est faite par des praticiens et pour les praticiens, sans sponsoring.

L’ancrage associatif de FORMAVET, sa forme juridique d’asbl, les débats qui s’y tiennent comme lors de cette soirée participent également à ce travail sur un milieu favorable et attentif à la notion du conflit d’intérêt.

La démarche de construction de nos formations, la présentation de leur justification s’appuyant sur les questions des praticiens et la fixation d’objectifs orientés vers leur mise en œuvre par les participants sont autant de points d’attention pour formuler notre gestion du conflit d’intérêt, tout en s’assurant de la pertinence et de la qualité du propos.

La soirée a été complétée par une explication de la mise en œuvre, belge et mondiale, de la « transparence » en formation continue, par Mieke Goossens, directrice de Mdeon.

Elle nous a présenté les motivations de la création et le fonctionnement de « betransparent.be », la plateforme où toute personne peut consulter les primes et avantages octroyés par des firmes pharmaceutiques en faveur de professionnels de la santé, d’organisations du secteur de la santé et/ou d’organisations de patients https://www.betransparent.be/fr/consulter-le-registre/

Chacun sera curieux d’y visionner les infos qui le concernent… ou celles qui concernent ses voisins !

Pour en savoir encore plus, consultez la bibliographie proposée par Florence Caeymaex